Article originalPrévalence et facteurs de risque de l'addiction aux substances psychoactives en milieu anesthésique : résultats de l'enquête nationalePrevalence and risk factors for substance abuse and dependence among anaesthetists: a national survey
Introduction
La consommation de substances psychoactives, licites ou illicites, par les médecins anesthésistes–réanimateurs, est un vrai problème qui engage non seulement leur propre santé mais peut aussi affecter la sécurité des patients dont ils ont la charge. Un rapport de la British Medical Association suggère que près d'un médecin sur 15 serait concerné par ce problème en Grande Bretagne [1]. Différentes enquêtes ont mis en évidence que 1 à 5 % des médecins anesthésistes étaient en situation d'addiction pour des substances utilisées en anesthésie telles que les opiacés ou les hypnotiques [2], [3], [4], [5], [6], [7], [8], [9]. La plupart de ces enquêtes, effectuées dans les pays anglo-saxons, ont concerné un échantillon de la population anesthésique et de plus, ces enquêtes ont porté essentiellement sur les agents utilisés pour la pratique de l'anesthésie au bloc opératoire. Les comportements addictifs concernent en fait un large éventail de substances chimiques, mais aussi l'alcool et le tabac. De plus, le stress, la fatigue et la surcharge de travail qui peuvent intervenir au cours de la pratique de l'anesthésie et de la réanimation, ont été évoqués en tant que facteurs de risque à côté d'autres facteurs bien connus tels que les antécédents familiaux et l'existence de troubles psychiatriques [10], [11]. Nous avons donc conduit une enquête nationale parmi les anesthésistes réanimateurs français pour évaluer l'importance de la consommation actuelle de tabac, d'alcool et d'autres substances psychoactives, ainsi que leur relation éventuelle avec les conditions de travail.
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Déroulement de l'enquête
Une enquête nationale a été menée en décembre 2001 parmi les médecins anesthésistes–réanimateurs inscrits au conseil national de l'ordre des médecins. L'enquête a été effectuée après déclaration auprès de la commission nationale de l'informatique et des libertés. Un questionnaire anonyme a été adressé sous enveloppe aux 9186 médecins concernés, associé à une enveloppe réponse. L'annonce de l'enquête avait été faite au préalable dans la lettre du Collège français des anesthésistes–réanimateurs
Résultats
Au total, 3 476 questionnaires ont été retournés soit un taux de réponse de 38 %, 2 744 répondeurs ont renseigné tous les items de telle sorte que leurs réponses ont pu être exploitées dans l'analyse multivariée pour la détermination des facteurs de risque indépendants. Les données démographiques de la population étudiée sont indiquées dans le Tableau 1. Une majorité de répondeurs était de sexe masculin, 50 % avaient entre 46 et 55 ans et l'anesthésie était l'activité professionnelle principale
Discussion
Cette enquête représente la première étude concernant l'addiction en milieu médical, bâtie sur un échantillon national, qui s'intéresse à toutes les substances psychoactives et qui plus est fondée sur le recueil direct de l'information auprès des sujets concernés. Le taux de réponse obtenu, a été de 38 %, soit un échantillon de 3 476 répondeurs. En dépit de la clause de confidentialité et du respect de l'anonymat, il est vraisemblable qu'un certain nombre de praticiens n'a pas souhaité répondre
Conclusion
Cette enquête nationale montre que l'abus et la dépendance aux substances psychoactives est une réalité en milieu anesthésique et de réanimation. La prévalence du phénomène est probablement inférieure à ce qu'elle est dans la population générale mais pour chacun des agents concernés, elle recoupe les profils de consommation rapportés dans la population générale. L'addiction est associée à une perception négative des conditions de travail sans qu'il puisse être établi qu'elle en soit la cause ou
Remerciements
À la société Quanta Medical & C° pour son aide à l'analyse statistique.
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2021, The LancetCitation Excerpt :This trend appears to remain consistent over time and across different countries, with 2012 data from Australian doctors finding 5% reported using illicit substances at some point, and 6% reported using self-prescribed drugs for the treatment of symptoms of depression or anxiety daily.20 Whether an association exists between certain medical subspecialties and the use of different substances is often debated, with much anecdotal evidence and some older studies focusing on anaesthesiology as a specialty perceived as being at high risk.71–73 In the past 10 years, studies have reported a different pattern, with the highest prevalence of hazardous alcohol consumption among dermatologists and orthopaedic surgeons,62 or internal and emergency medicine specialities.64
Alcohol consumption among French physicians: A cross-sectional study
2021, Drug and Alcohol DependenceCitation Excerpt :Data regarding hospital doctor’s alcohol behaviours are scarce. Beaujouan et al. (2005) reports that 6.5 % of anaesthesiologists were abusers or dependent on alcohol. To our knowledge, there is no data on the prevalence of hazardous alcohol consumption among French licensed physicians, regardless of their specialty.
Emerging worldwide trends in substances diverted for personal non-medical use by anaesthetists
2020, BJA EducationCitation Excerpt :The risk factors are listed in Table 2, but it is important to note that the majority of individuals with these risk factors will not develop SUD.8 As demonstrated by retrospective research, surveys, case reports and information available on registration authority websites, SUD in anaesthetists is a worldwide phenomenon.2,4,8–14 Despite this, there is a great degree of variability in the level of reporting.
Suicidal risk and addictive risk among physicians
2017, Bulletin de l'Academie Nationale de MedecinePrevalence of Substance Abuse Among Oral and Maxillofacial Surgery Residents From 2006 to 2015
2016, Journal of Oral and Maxillofacial SurgeryCitation Excerpt :Undiagnosed depression, often linked to suicide, is common in medical residencies.12 Furthermore, sleep disturbances and a negative perception of the workplace were the 2 leading problems among European anesthesiology residents who abused medications—these 2 factors are cited as potentiating depression.12,13 The present survey found 58.7% of OMS programs reported instituting education regarding substance abuse, a number similar to that seen in anesthesiology, where 69% of programs have mandatory formal education.3
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Groupe de travail sur l'addiction en milieu anesthésique : Philippe Batel (AP-HP), Laure Beaujouan (AP-HP), Francis Bonnet (AP-HP – Cfar), François Chieze (AP HP), Sébastien Czernichow (Inserm U557), Max Doppia (Cfar), Bertand Dureuil (Cfar), Frohid Lorin (Cfar), Jean-Louis Pourriat (Cfar), Anne-Marie Pezous (AP-HP) Seti Reyes (Cfar). AP-HP : assistance publique-hôpitaux de Paris. Cfar : Collège français des anesthésistes-réanimateurs.