Cas cliniqueRécidive tumorale osseuse locale après cimentoplastie : à propos d’un cas ; discussion de l’intérêt de la radiothérapie après cimentoplastieBone metastases relapse after cementoplasty: Case report and discussion about the combination of radiotherapy and cementoplasty
Introduction
L’objectif principal de la prise en charge des métastases rachidiennes en radiothérapie est d’obtenir un effet antalgique rapide [1], [2]. Les douleurs provoquées par les métastases osseuses sont la conséquences d’altération de la structure osseuse comme l’élargissement cortical, la pression tumorale et les microfractures osseuses [3]. Outre l’effet antalgique, la radiothérapie a un effet antitumoral et influence la reconstruction osseuse [4]. À court terme, l’utilisation de la radiothérapie peut entraîner une exacerbation douloureuse (pain flair) nécessitant temporairement l’accroissement des antalgiques ou la prescription de corticoïdes [5]. À plus long terme, quel que soit le fractionnement utilisé, la radiothérapie peut entraîner par elle-même des fractures osseuses [6], [7]. Cependant, certains patients souffrent d’une douleur persistante malgré une prescription antalgique bien conduite qui ne permet pas d’entreprendre une irradiation dans des conditions d’irradiation optimales. Prévenir l’impossibilité de traitement par des douleurs récalcitrantes, éviter l’exacerbation douloureuse et limiter le risque de fracture doivent être envisagés au moment de la consultation initiale. Certaines classifications prédictives peuvent être utiles [8], [9], [10], [11], [12]. L’association de la radiothérapie avec une technique complémentaire – cimentoplastie ou kyphopastie – peut être alors pertinente [13], [14].
La radiologie interventionnelle a multiplié les techniques et les indications thérapeutiques [15]. La cimentoplastie est une technique qui consiste en l’injection percutanée de ciment acrylique dans une lésion osseuse ostéolytique [1], [13], [16], [17]. La kyphoplastie consiste à introduire un ballonnet qui est gonflé, puis dégonflé afin de créer une cavité dans laquelle est injecté le ciment [1], [18]. Ces techniques permettent de conjuguer un effet antalgique et une stabilisation de la lésion. Le délai d’action de la cimentoplastie est extrêmement court, puisque un effet antalgique quasi-instantané est obtenu dans 70 % à 80 % des cas, dans les 24 à 48 heures qui suivent le geste [1], [13], [19].
Plusieurs mécanismes sont évoqués pour expliquer l’effet antalgique, la consolidation des microfractures, la diminution des contraintes mécaniques et la destruction des structures nerveuses de l’os sain périlésionnel [16], [17]. Les principales limites du geste sont l’atteinte du mur postérieur et les troubles de l’hémostase [1], [14], [17]. Les principales complications sont les fuites de ciment en dehors du site lésionnel et dans de très rares cas des embolies pulmonaires [1], [14]. Des hypothèses sur une activité potentiellement tumoricide du ciment lors de sa polymérisation ont été rapportées mais il n’existe pas de preuve formelle et cette technique doit être associée à un traitement antitumoral [20], [21].
Nous présentons le cas d’un patient qui a bénéficié d’une cimentoplastie vertébrale non suivie d’une radiothérapie.
Section snippets
Cas clinique
Un patient de 66 ans, sans antécédents de cancer connu, s’est présenté aux urgences de l’hôpital universitaire pour des lombalgies invalidantes suite à une chute mécanique. La scanographie n’a pas retrouvé de lésion traumatique du rachis lombaire, mais mis en évidence une fracture tassement vertébral d’origine maligne probable de T11 (Fig. 1). Un complément d’examen par IRM a confirmé la lésion d’allure tumorale de T11 (Fig. 2). Quinze jours après les premières imageries, une cimentoplastie de
Discussion
Le cas clinique de ce patient est particulièrement instructif. Il a bénéficié d’une cimentoplastie dans une vertèbre. La métastase a poursuivi une évolution locale autour du ciment. L’élévation de la température après injection du polyméthylméthacrylate peut permettre d’avoir une action tumorale mais celle-ci reste modérée et ne s’étend pas au-delà de 3 mm autour du ciment [21]. La cimentoplastie n’est donc pas considérée aujourd’hui comme un traitement antitumoral per se. Le geste doit être
Conclusion
L’irradiation osseuse à visée antalgique est un traitement non invasif, facilement accessible, avec des délais de mise en œuvre rapides. De plus, éprouvée depuis des années, la radiothérapie des métastases osseuses n’est associée qu’à peu de complications. Il est donc tout à fait indispensable de compléter rapidement une cimentoplastie par une irradiation antitumorale. De nombreuses techniques nouvelles tentent de s’associer à la cimentoplastie, mais toutes méritent d’être évaluées de façon
Déclaration de liens d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
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