Les manifestations psychiatriques dans la polyarthrite rhumatoïde

Résumé

Objectif

L’objectif de cette revue est de présenter les différentes manifestations psychiatriques de la polyarthrite rhumatoïde rapportées dans la littérature médicale.

Méthode

Une revue de la littérature a été faite en utilisant le moteur de recherche Pubmed avec les mots clés suivants : psychiatry, psychiatric manifestations, rheumatoid arthritis. Les articles ont été revus et retenus en fonction de leur pertinence.

Résultats

Parmi les principales manifestations psychiatriques retrouvées dans la polyarthrite rhumatoïde (PR), les troubles anxio-dépressifs sont prévalents (13 à 48 % des patients), ainsi que les suicides, l’insomnie et la fatigue. L’altération de la qualité de vie est plus marquée après 65 ans. L’association entre la PR et la schizophrénie semble négative de sorte que les facteurs qui prédisposent à l’une seraient protecteurs pour l’autre.

Conclusion

Les manifestations psychiatriques comorbides avec la PR sont prévalentes et peuvent majorer l’altération de la qualité de vie des patients. Le dépistage et le traitement des troubles psychiatriques améliorent la prise en charge des patients atteints de PR.

Abstract

Background

Rheumatoid arthritis (RA) is a chronic inflammatory degenerative disease whose symptoms are mainly joint with significant functional impact, resulting in a restriction of the activities of the patient and increasing the impact on mental well-being. Several studies have been conducted to explore psychiatric disorders comorbid with RA.

Objective

The objective of this review is to present the various psychiatric manifestations of RA reported in the medical literature.

Methods

A literature review was conducted using the Pubmed search with the following keywords: psychiatry, psychiatric manifestations, rheumatoid arthritis. Three hundred and sixty-one articles were reviewed for relevance and 47 references were selected.

Results

Among the major psychiatric disorders found in RA, the anxiety and depressive disorders are prevalent (13 to 48% of patients), as well as suicide, insomnia and tiredness. The impairment of quality of life is markedly after age 65. The association between RA and schizophrenia seems negative so that factors predisposing one is protective for the other.

Conclusion

Comorbid psychiatric disorders with RA are prevalent and may increase the impairment of quality of life for patients. The detection and treatment of psychiatric disorders improve the care of patients with RA.

Introduction

La polyarthrite rhumatoïde (PR) est une maladie dégénérative inflammatoire chronique qui se manifeste par des atteintes articulaires et extra-articulaires. Elle provoque une raideur, des douleurs et des déformations articulaires, limitant ainsi l’autonomie du patient dans les activités de la vie quotidienne et augmentant sa dépendance tout en affectant son bien-être physique et psychique [1], [2], [3]. En 2010, de nouveaux critères diagnostiques ont été publiés : le diagnostic de PR est posé en la présence d’une synovite atteignant au moins une articulation, en l’absence d’un diagnostic alternatif et devant un score supérieur ou égal à 6 dans une échelle évaluant l’atteinte articulaire, la sérologie, la durée de la synovite et les marqueurs inflammatoires [4].

Au moins 10 % des atteintes articulaires sont secondaires à la PR. De nos jours, la maladie reste sous-diagnostiquée et les données épidémiologiques manquent. L’incidence de la maladie augmente avec l’âge, avec un pic entre 40 et 60 ans [1]. Les femmes seraient trois fois plus touchées que les hommes [1].

Les manifestations extra-articulaires sont fréquentes : altération de l’état général, fébricule, adénopathies superficielles, nodosités sous-cutanées, pleurésie, péricardite, neuropathie périphérique, sclérite et épisclérite. Quant aux manifestations psychiatriques, elles pourraient avoir plusieurs étiologies : elles pourraient résulter de l’activité inflammatoire de la maladie, de l’impact psychologique secondaire à l’altération du fonctionnement global et aux symptômes physiques ou de l’effet indésirable de la pharmacothérapie [1], [5]. En comparant la PR aux autres maladies inflammatoires chroniques telles que le lupus érythémateux disséminé, il n’y aurait pas de différence significative quant à la qualité de vie, la fatigue, l’anxiété, et la dépression [6].

L’objectif de cette étude est de regrouper les résultats de la littérature au sujet des manifestations psychiatriques dans la polyarthrite rhumatoïde, tant sur le plan épidémiologique que physiopathologique pour tenter de comprendre leur étiopathogénie, leur prévalence et leur impact ainsi que l’efficacité des thérapeutiques actuelles.