Article original
Résection rectosigmoïdienne pour endométriose profonde : résultats chirurgicaux et fonctionnelsSurgical and functional results of colorectal resection for severe endometriosis

https://doi.org/10.1016/j.gyobfe.2008.09.016Get rights and content

Résumé

Objectif

Les indications de résection colorectale pour endométriose sont controversées en raison du risque de complications sévères. L’objectif de cette étude est d’évaluer l’efficience des examens complémentaires dans l’aide à l’indication opératoire, les résultats chirurgicaux, les complications postopératoires et les résultats fonctionnels à distance.

Patientes et méthodes

Il s’agit d’une série rétrospective continue de 50 patientes ayant eu une résection digestive pour endométriose stade IV. Une IRM pelvienne et une échoendoscopie rectale (EER) ont été réalisées chez la majorité des patientes. Des questionnaires évaluant les symptômes, la sexualité (BISF-W) et la qualité de vie (EHP-30) ont été renseignés.

Résultats

Pour le diagnostic d’atteinte rectale, la sensibilité de l’IRM et de l’EER était de 55 et de 100 %, respectivement. Quarante et une amputations de la charnière rectosigmoïdienne et neuf résections rectales antérieures losangiques ont été réalisées par 24 laparotomies initiales, deux cœlioscopies et 24 laparoconversions. Le suivi moyen était de 42 mois. Nous avons observé une amélioration significative des dysménorrhées (p < 10−4), des dyschésies (p < 10−4), des douleurs pelviennes chroniques (p < 10−4) et de certains symptômes digestifs : des épreintes cataméniales (p = 0,002) et des diarrhées cataméniales (p = 0,006). Les complications sévères comprenaient six fistules digestives (12,5 %), trois sténoses anastomotiques (6 %), une fistule urétérovaginale et une sténose urétérale. Les facteurs de risque de fistules digestives étaient l’association à une ouverture vaginale (p = 0,002) et la réalisation d’une double résection iléocæcale et rectosigmoïdienne (p = 0,007). Nous avons également noté 14 dysuries postopératoires dont quatre vessies neurologiques persistantes, six constipations et 12 polykinésies rectales. Quatre patientes ont présenté des récidives profondes. Vingt patientes ont eu un désir de grossesse après l’intervention, 17 grossesses sont survenues (huit spontanées et neuf par l’Assistance médicale à la procréation) chez neuf patientes, donnant naissance à 14 enfants vivants. La sexualité était de qualité inférieure à une population normale. La qualité de vie a été améliorée pour la plupart des critères. La satisfaction globale était bonne (91 %).

Discussion et conclusion

La résection rectosigmoïdienne pour endométriose stade IV améliore significativement la plupart des symptômes douloureux, mais les femmes doivent être informées des possibles complications sévères et du risque de récidive.

Abstract

Objectives

Indications of colorectal resection for endometriosis are controversial because of the risk of major complications. This study aims to evaluate the value of different diagnostic tests in decision-making, and to evaluate the surgical results and complications, as well as long-term functional results after surgery.

Patients and methods

In the set of a retrospective case series, 50 patients who have been admitted for a colorectal resection because of deep endometriosis were included. Most of them have had an MRI and an endorectal ultrasonography. Specific questionnaires have been proposed in order to evaluate symptoms, sexuality (BISF-W) and quality of life (EHP-30).

Results

For the diagnosis of rectal involvement, the sensitivity of MRI and endorectal ultrasonography were 55 and 100%, respectively. Forty-one colorectal amputations and nine partial colorectal resections have been done by 24 laparotomies, two laparoscopies and 24 laparoconversions. Major complications included six (12.5%) digestive fistulas, three (6%) anastomotic strictures, one ureterovaginal fistula and one ureteral stricture. Risk factors associated with digestive fistulas were the association of a vaginal opening (p = 0.002) and an additional ileocaecal resection (p = 0.007). The mean follow-up period was of 42 months. A significant improvement of dysmenorrhea (p < 10−4), dyschesia (p < 10−4), chronic pelvic pain (p < 10−4), and of some digestive symptoms such as catamenial epreintes (p = 0.002) and catamenial diarrheas (p = 0.006), was noted. We noted postoperative 14 dysurias, six constipations and 12 rectal polykynesias. Four patients have had deep recurrent lesions. Twenty patients had a desire of pregnancy after the operation, 17 pregnancies were obtained (eight spontaneous and nine by ART) giving birth to 14 living children. Sexuality evaluation was below normal range. The quality of life was improved for most of the items. The global satisfaction was good (91%).

Discussion and conclusion

Colorectal resection for deep endometriosis improve significantly most of the pain symptoms, but the women should have detailed counselling about the risks of major complications and recurrence.

Introduction

L’endométriose profonde désigne une infiltration de plus de 5 mm en profondeur de l’espace sous-péritonéal par du tissu endométrial [1]. Une atteinte digestive touche 5 à 10 % des femmes ayant une endométriose pelvienne profonde [2], [3]. Celle-ci concerne dans 70 à 93 % des cas le rectum et la charnière rectosigmoïdienne [4]. Elle est la source de douleurs pelviennes chroniques ou cycliques et de symptômes coloproctologiques, ayant un fort impact sur la qualité de vie des patientes. Elle est également associée à un taux élevé d’infertilité. Son diagnostic clinique est possible bien que les symptômes ne soient pas toujours spécifiques : il faut systématiquement l’évoquer chez des patientes décrivant des troubles à type de dysménorrhée, de désordres mictionnels et intestinaux cataméniaux [5], de dyschésies et de dyspareunies profondes. Le diagnostic est affirmé par les explorations complémentaires validées que sont l’imagerie par résonance magnétique (IRM) pelvienne et l’échoendoscopie rectale (EER). Le traitement médical est assez peu efficace. Lorsque l’atteinte de la musculeuse rectale est avérée, il est chirurgical, imposant souvent une résection digestive. Mais il s’agit là d’une chirurgie très contraignante, voisine de la chirurgie carcinologique dont les complications per- et postopératoires ne sont pas rares.

Les objectifs de cette étude rétrospective sont d’apprécier l’efficience des examens complémentaires dans l’aide à l’indication opératoire, d’évaluer les résultats chirurgicaux à court terme et les éventuels facteurs de risque de complications, ainsi que les résultats fonctionnels à moyen terme en ce qui concerne les douleurs, la fertilité et la qualité de vie.

Section snippets

Patientes et méthodes

Cinquante patientes ayant subi une résection digestive pour endométriose profonde avec atteinte rectosigmoïdienne, réalisée dans le service de gynécologie-obstétrique de l’hôpital Bichat Claude-Bernard entre 1998 et 2005 ont été incluses dans cette étude. Les dossiers médicaux de ces patientes ont été revus afin d’extraire toutes les données cliniques, paracliniques, ainsi que les comptes rendus opératoires et les données concernant le suivi postopératoire. Un contact a été pris par courrier

Caractéristiques de la population

L’âge moyen des patientes au moment de l’intervention était de 32,0 ± 4,5 ans (24–43), pour une taille moyenne de 165,0 ± 6,3 cm et un poids moyen de 62,0 ± 9,3 kg. Trente-neuf patientes étaient nulligestes (78,0 %) et 21 étaient infertiles (42,0 %).

En moyenne, chaque patiente avait subi 2,1 interventions pelviennes avant la prise en charge dans notre service, soit 1,9 interventions pour cause d’endométriose. Trois patientes avaient déjà subi une résection d’un nodule endométriosique de la cloison

Diagnostic clinique

L’interrogatoire est certainement le point essentiel de l’examen clinique. Certains symptômes semblent avoir une valeur privilégiée d’orientation. Dans notre série, les dysménorrhées représentaient la manifestation la plus fréquente (96 %), suivies des dyspareunies (82 %), des dyschésies cataméniales (80 %) et enfin des douleurs pelviennes chroniques (48 %). Comment interpréter ces symptômes pour supputer la localisation des lésions d’endométriose ? Dans une étude rétrospective concernant 225

Conclusion

La résection rectosigmoïdienne pour endométriose est le traitement actuellement recommandé de l’endométriose profonde avec envahissement de la charnière rectosigmoïdienne. Le diagnostic clinique est insuffisamment informatif et l’atteinte digestive est seulement évoquée. L’IRM pelvienne permet une cartographie de l’ensemble des lésions. L’expérience du radiologue est primordiale et augmente la sensibilité de l’IRM dans le dépistage de l’atteinte rectale [44]. L’EER est l’examen clé pour

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