Article original
Impact de la gémellité sur le risque d’incontinence urinaire du post-partumImpact of twin gestation on the risk of postpartum stress incontinence

https://doi.org/10.1016/j.gyobfe.2010.02.004Get rights and content

Résumé

Objectif

Étudier l’impact de la gémellité et de l’accouchement de jumeaux sur le risque de survenue d’une incontinence urinaire d’effort (IUE) en post-partum.

Patientes et méthodes

Étude rétrospective unicentrique comparant 117 patientes ayant accouché de jumeaux à 117 patientes ayant accouché de singletons entre janvier 2003 et décembre 2005 dans une maternité de niveau III. Les critères étudiés sont les facteurs associés à la survenue d’une IUE en post-partum, sa sévérité et son retentissement sur la qualité de vie.

Résultats

Soixante patientes dans le groupe « jumeaux » et 59 dans le groupe « singletons » ont répondu à un auto-questionnaire. Le recul moyen est de 20,2 mois ± 10,1. La prévalence de l’IUE dans la population globale est de 30 %. Le taux d’IUE est significativement plus élevé dans le groupe « jumeaux » (40 %) comparé au groupe « singletons » (20 %) (p = 0,03). La gémellité est significativement associée à l’IUE du post-partum plus de 20 mois après l’accouchement (OR = 2,6 [1,1–5,9], p = 0,02). L’analyse univariée retrouve six autres facteurs de risque : IMC supérieur ou égal à 30 (OR = 6,3 [1,2–34,1], p = 0,03), IUE prénatale (OR = 4,2 [1,7–10,4], p = 0,002), durée totale du travail supérieure ou égale à huit heures (OR = 4,8 [1,6–14,5], p = 0,06), expression utérine (OR = 4,5 [1,1–18,3], p = 0,03), poids total fœtal (p = 0,003) et IUE du post-partum immédiat (OR = 12,9 [5–33,5], p < 0,001).

Discussion et conclusion

L’accouchement vaginal successif de deux fœtus ne semble pas plus pourvoyeur d’IUE tardive qu’une césarienne. Dans les grossesses gémellaires, le taux relativement élevé d’IUE du post-partum semble lié au poids fœtal total.

Abstract

Objective

To study twin pregnancy and delivery as a risk factor for developing postpartum stress urinary incontinence (SUI).

Patients and methods

Retrospective single centre study comparing 117 patients who have delivered twins to 117 patients who have given birth to singletons, between January 2003 and December 2005 in a tertiary maternal-foetal medicine unit. The risk factors associated with the onset of postpartum SUI, its severity, and its impact on the quality of life were studied.

Results

Sixty patients in the twin pregnancy group and 59 in the singleton pregnancy group have answered an auto-questionnaire and were included in the study. The medium-term follow-up of the patient was 20.2 months ± 10.1. The prevalence of SUI in the total population was 30%. The rate was significantly higher in the “twin” group (40%) than in the “singleton” group (20%) (p = 0.03). Twin gestation was significantly associated with postpartum SUI for more than 20 months after delivery (OR = 2.6 [1.1–5.9]). The univariate analysis found six other risk factors: prenatal urinary incontinence (OR = 4.2 [1.7–10.4]), BMI greater than 30 (OR = 6.3 [1.2–34.1]), labour duration greater than 8 h (OR = 4.8 [1.6–14.5]), fundal uterine pressure (OR = 4.5 [1.1–18.3]), total intrauterine foetal weight (p = 0.003), and immediate postpartum urinary incontinence (OR = 12.9 [5–33.5]).

Discussion and conclusion

The vaginal delivery of two successive foetuses does not seem more purveyor of SUI than caesarean. In twin pregnancies, the high rate of postpartum SUI appears to be related to total intrauterine weight.

Introduction

L’incontinence urinaire (IU) féminine est un véritable problème de santé publique qui affecte 10 à 15 % de la population féminine active en Europe, soit près d’1,5 millions de femmes en France [1]. L’IU peut entraîner une altération de la qualité de vie des femmes, incompatible avec les exigences socioprofessionnelles et hygiéno-sexuelles. Par conséquent, il paraît impératif d’identifier les facteurs de risque de l’IU et de proposer des stratégies de prévention.

L’IU du post-partum est une conséquence de la grossesse et de l’accouchement résultant de lésions neuromusculaires et/ou d’une altération des systèmes de soutènement vésico-urétraux. Une étude rétrospective récente à propos d’une cohorte de 3405 primipares a rapporté un taux d’IU de 29 % à trois mois de l’accouchement avec un retentissement hygiénique, social et/ou professionnel et sexuel dans 51 %, 47 % et 17 % des cas respectivement [2].

Selon les données de la littérature, les facteurs individuels significativement associés au risque d’IU du post-partum sont : l’existence d’une IU avant ou pendant la grossesse [3], [4], [5], la multiparité [6], l’âge maternel supérieur à 25 ans [2], l’obésité (IMC > 25) [2], [3] et le tabagisme [3]. Les facteurs obstétricaux significativement associés au risque d’IU du post-partum sont l’accouchement vaginal [7], l’extraction instrumentale [5], [8] et le poids de naissance [2]. Ces données sont issues d’études ayant exclu des grossesses multiples. Nous ne disposons donc pas à l’heure actuelle de données concernant les conséquences des grossesses multiples sur la statique pelvienne.

Du fait de l’élévation de l’âge maternel et du développement des techniques d’assistance médicale à la procréation [9], [10], la prévalence des grossesses multiples est en constante progression depuis une trentaine d’années : en 2004 en France, les accouchements de jumeaux (12 437) représentaient 15,6 ‰ de l’ensemble des accouchements contre 9,3 ‰ en 1975, soit une augmentation de 68 % [9], [10].

Devant la progression du taux de grossesse multiple et le manque de données sur les conséquences pelvipérinéales de ce type de grossesse, l’objectif de notre étude est d’étudier l’impact de la gémellité sur le risque de survenue d’une incontinence urinaire d’effort (IUE) du post-partum.

Section snippets

Patientes et méthodes

Il s’agit d’une étude rétrospective unicentrique comparant deux groupes de patientes primipares ayant accouché entre janvier 2003 et décembre 2005 dans une maternité de niveau III. Les critères d’inclusion sont la primarité, l’âge supérieur ou égal à 18 ans, le terme supérieur ou égal à 34 semaines d’aménorrhée (SA) et la naissance de jumeaux ou de singletons vivants. Les critères de non-inclusion sont la multiparité, l’âge inférieur à 18 ans, le terme inférieur à 34 SA et la mort in utero ou

Résultats

Le taux de réponse aux questionnaires était de 53 % pour le groupe « jumeaux » (n = 60) et de 51 % pour le groupe « singletons » (n = 59). Le délai moyen entre l’accouchement et la date de réponse au questionnaire est de 20,2 mois ± 10,1 (1,3 mois–37,2 mois).

Les critères d’appariement des deux groupes sont comparables (Tableau 1). Les deux groupes sont également comparables en termes de caractéristiques individuelles (Tableau 2). Concernant les caractéristiques obstétricales (Tableau 3), seuls les

Discussion

Malgré l’augmentation de la prévalence des grossesses multiples en France et en Europe [10], peu de données sont disponibles dans la littérature à propos de leur impact sur la statique pelvienne. Notre étude rétrospective avait pour objectif principal d’identifier les facteurs obstétricaux prédictifs d’IUE en post-partum dans les grossesses gémellaires.

Dans notre étude, la prévalence de l’IUE à plus de 20 mois de l’accouchement est de 40 % dans le groupe « jumeaux » et de 20 % dans le groupe

Conclusion

Un accouchement vaginal successif de deux fœtus ne semble pas plus pourvoyeur d’IUE tardive qu’une césarienne. Dans les grossesses gémellaires, le taux relativement élevé d’IUE du post-partum semble lié au poids fœtal total. La prévention de l’IU du post-partum en cas de grossesse gémellaire est donc nécessaire et passe par un dépistage précoce à l’aide de questionnaires validés dans l’objectif de proposer éventuellement une rééducation périnéale prénatale.

Conflit d’intérêt

Aucun conflit d’intérêt.

Références (24)

  • L. Panel et al.

    Incontinence urinaire : faut-il traiter chirurgicalement les femmes en âge de procréer ?

    Gynecol Obstet Fertil

    (2009)
  • P. Ballanger et al.

    Female urinary incontinence An overview of a report presented to the French Urological Association

    Eur Urol

    (1999)
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