Communication brève
Dermatomyosite induite par la pravastatinePravastatin-induced dermatomyositis

https://doi.org/10.1016/j.revmed.2005.07.005Get rights and content

Résumé

Introduction. – Les effets secondaires musculaires des statines (inhibiteurs de l'HMG-CoA réductase) comportent une myopathie, des myalgies, une myosite ou une authentique rhabdomyolyse. Plus récemment, la survenue de maladies auto-immunes de type lupus, vascularite, polymyosite ou dermatomyosite a été rapportée au cours d'un traitement par statines.

Exégèse. – Nous rapportons un cas de dermatomyosite chez une patiente traitée par pravastatine (Elisor®) depuis deux ans. Le diagnostic est établi devant les signes cliniques cutanés et musculaires et l'élévation des CPK (40 N) tandis que les examens immunologiques sont négatifs, avec un électromyogramme (EMG) et une biopsie musculaire quasiment normaux. Le traitement par pravastatine est arrêté. La patiente récupère en trois mois, sous traitement par corticothérapie locale. La recherche d'un cancer est négative. L'analyse de la littérature confirme la rareté de cette association en trouvant huit autres cas. L'élévation des CPK est constante. La biopsie musculaire et/ou l'électromyogramme ont conforté le diagnostic dans la moitié des cas. Le traitement a été arrêté chez tous les patients et six ont reçu une corticothérapie générale pour obtenir cette amélioration. Tous sauf un ont guéri, une patiente décédant d'une fibrose pulmonaire extensive malgré un traitement immunosuppresseur par cyclophosphamide (Endoxan®).

Conclusion. – Une dermatomyosite survenant chez un patient traité par statines doit faire discuter la responsabilité du traitement dans l'apparition de la maladie et impose son arrêt. L'évolution de la maladie, parfois spontanément favorable, peut aussi nécessiter le recours aux traitements usuels, corticothérapie générale en premier lieu.

Abstract

Introduction. – The toxic myopathy caused by statins (HMG-CoA reductase inhibitors) is well established. Recent reports add to these effects systemic immune diseases including systemic lupus erythematosus, vasculitis, polymyositis or dermatomyositis.

Exegesis. – We report a case of dermatomyositis in a 69-year-old patient treated with pravastatin [Elisor®]. She presented with typical features of dermatomyositis 2 years after she started a treatment with pravastatin. The treatment was discontinued and she slowly improved, with a transient dermocorticosteroid treatment. Eight other patients with dermatomyositis and chronic treatment with HMG-CoA reductase inhibitors are reported in the literature. All of them presented with classical features of dermatomyositis. The discontinuation of the treatment was followed by spontaneous clinical and biological improvement in 3/9 patients. The other patients received high doses of corticosteroids and improved, except one patient who died of respiratory failure (pulmonary fibrosis) despite the adjunction of oral cyclophosphamide [Endoxan®]. In these patients, dermatomyositis can be considered as a severe adverse reaction to HMG-CoA reductase inhibitors although a distinct casual link cannot be definitely established.

Conclusion. – The increasing prescription of statins has led to the parallel increment of reported side-effects, where autoimmune diseases are now described. Among them, our case of dermatomyositis in a patient receiving pravastatin adds to the eight reported cases in the literature and highlights the potential role of statins as triggers of immune systemic diseases.

Introduction

Les statines, inhibiteurs de l'hydroxyméthylglutaryl coenzyme A (HMG-CoA) réductase, sont des médicaments hypocholestérolémiants, actuellement prescrits de façon croissante dans diverses indications de prévention secondaire ou primaire ayant trait aux maladies vasculaires et à leurs facteurs de risque. Cette classe thérapeutique est responsable d'effets secondaires musculaires, parfois purement biologiques (élévation de la créatine phosphokinase ou CPK), parfois à type de myalgies, de myosite et de rhabdomyolyse [1], [2]. On retrouve des symptômes musculaires (crampes, douleur, faiblesse) chez 1 à 5 % des patients traités par statines et les CPK sont élevées chez 5 à 10 % de ces patients. Le risque de rhabdomyolyse s'évalue entre 0,05 et 0,2 % [2]. Les effets indésirables cutanés des statines sont rares (de 1 à 4 % sous simvastatine) [3] et seraient liés à l'inhibition des HMG-CoA réductases épidermiques conduisant à une diminution de la synthèse du cholestérol par l'épiderme et à l'altération secondaire du contenu lipidique de cette couche cutanée. Ces manifestations comprennent des cas de prurit, d'éruptions eczématiformes, d'angio-œdèmes, d'urticaires [4] et de lichen plan pemphigoïde [5]. La description plus récente de maladies auto-immunes apparues au cours d'un traitement par statines accroît la liste de leurs effets secondaires : lupus [6], vascularites [4], hépatite auto-immune [7], polymyosite [8], et dermatomyosite [9], [10], [11], [12], [13], [14], [15], [16], comme dans le cas que nous rapportons.

Section snippets

Observation

Une patiente de 69 ans est traitée depuis deux ans pour une hypercholestérolémie (pravastatine [Elisor®]), une hypertension artérielle (urapidil [Eupressyl®], sotalol [Sotalex®], valsartan [Tareg®]) et un syndrome dépressif (paroxétine [Déroxat®] et alprazolam [Xanax®]). Elle est adressée pour l'apparition récente de myalgies et d'un déficit moteur proximal prédominant aux membres supérieurs, suivis 15 jours plus tard d'une éruption cutanée à type de lésions érythématoviolacées du visage, du

Discussion

Dans ce cas clinique, l'interrogatoire de la patiente a permis de retrouver la prise de pravastatine, qui, associée aux myalgies et à l'élévation des CPK, a fait d'emblée suspecter un effet secondaire musculaire indésirable classique et invalidant du traitement imposant son arrêt. De plus, cette atteinte musculaire était associée à une atteinte cutanée très évocatrice de dermatomyosite. Un cas de myopathie inflammatoire survenant sous pravastatine ayant été rapporté en 1992 [9] suivi de cas

Conclusion

Notre cas clinique de dermatomyosite, associé aux cas rapportés dans la littérature, appelle deux commentaires. Le premier est la rareté de cette maladie secondaire à la prescription d'une statine, en particulier en comparaison du nombre de prescriptions de cette classe de molécules qui va croissant avec l'extension de leurs indications [26]. Le deuxième commentaire insiste sur la gravité de la maladie qui nécessite le plus souvent une corticothérapie générale sauf dans notre observation et

Remerciements

Remerciements au Dr M. Polivka qui a revu les lames de la biopsie musculaire.

Dr M. Polivka, service d'anatomopathologie du Professeur F. Gray, hôpital Lariboisière, 2, rue Ambroise-Paré, 75475 Paris cedex 10 France.

Références (26)

  • P.-E. Stoebner et al.

    Lichen plan pemphigoïde induit par la simvastatine

    Ann. Dermatol. Venereol.

    (2003)
  • M. Srivastata et al.

    Drug-induced, Ro/SSA-positive cutaneous lupus erythematosus

    Arch. Dermatol.

    (2003)
  • I.W. Graziadei et al.

    Drug-induced lupus-like syndrome associated with severe autoimmune hepatitis

    Lupus

    (2003)
  • Cited by (32)

    • Drug induced myopathies

      2017, Toxicologie Analytique et Clinique
    • Toxic myopathies: Overview

      2016, Toxicologie Analytique et Clinique
    • Statin-associated myopathy

      2014, NPG Neurologie - Psychiatrie - Geriatrie
    • Necrotizing autoimmune myopathies

      2013, Revue Neurologique
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