LE PASTORALISME AU SÉNÉGAL,
ENTRE POLITIQUE «MODERNE»
ET GESTION DES RISQUES
PAR LES PASTEURS
par Véronique Ancey* et Georges Monas**
La question de l'élevage pastoral au Sénégal illustre bien les difficultés qu 'ont parfois les politiques à prendre en compte certaines réalités. Si ces politiques sont promptes à mobiliser certains concepts récents (souveraineté alimentaire) ou à proposer des approches modernisantes pour les filières, les discours véhiculent encore souvent des clichés anciens sur l'atavisme ou l'irrationalité des éleveurs et une méconnaissance des réalités locales, économiques, agro-écologiques et socié taies. Ce sont ces représentations biaisées que cet article entend questionner en examinant la politique sectorielle mise en œuvre au Sénégal dans une perspective de sécurisation durable des systèmes locaux de production.
La conférence du « Dakar agricole »1 a réuni, en février 2005, au Sénégal 800 participants de plus de 40 pays, représentant les milieux de la recherche, des professions agricoles et de la politique à un niveau élevé (sept chefs d'Etat présents, trois représentés à un haut niveau) sur le thème de la « fracture agricole ». Les conclusions de cette rencontre scientifique et institutionnelle ont confirmé que le « consensus de Washington » sur les objectifs des politiques et les conditions de l'aide au développement était maintenant dépassé pour les gouvernants et les chercheurs (Ben Hammouda, 1999 ; Azoulay, 2005) sans que se dessine pourtant la tendance ou Г « école de pensée », appelée de ses vœux par le président sénégalais Abdoulaye Wade, hôte de la
♦ CIRAD, URP « Pastoralisme », Dakar. ** Expert indépendant, Paris. 1. Voir le site
<dakaragricole.org>
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Revue Tiers Monde, t. XLVI, n° 184, octobre-décembre 2005
