Recommandations de la Société Marocaine de Rhumatologie (SMR) sur la goutte.

FMC

Hanan Rkain1,2, Laila Benbrahim3, Jihad Moulay El Berkchi1, Souad Aktaou4, Noufissa Lazrak5, Souad Faiz6, Samir Ahid7,8 , Radouane Abouqal9, Saloua Labzizi10, Naima Ouzeddoun11, Latifa Oukerraj12, Ihsane Hmamouchi9,13, Brahim Gragui14, Fatima Zohra Mchich-Alami15, Najia Hajjaj-Hassouni16

1. Service de Rhumatologie B, Hôpital El Ayachi, faculté de Médecine et de Pharmacie de Rabat, Université Mohammed V, Rabat, Maroc.
2. Equipe de Physiologie de l’Exercice et du système nerveux autonome, Laboratoire de Physiologie, faculté de Médecine et de Pharmacie de Rabat, Université Mohammed V, Rabat, Maroc. 3. Clinique de jour, délégation du ministère de la santé à la préfecture de Rabat, centre hospitalier régional de Rabat, Rabat, Maroc 4. Cabinet de Rhumatologie, Rabat, Maroc 5. Cabinet de Rhumatologie, Rabat, Maroc. 6. Délégation du ministère de la santé à la préfecture de Casablanca, Casablanca, Maroc 7. Laboratoire de Pharmacologie et Toxicologie, Faculté de Médecine et de Pharmacie, Université Mohammed V, Rabat, Maroc 8. Faculté de Pharmacie, Université Mohammed VI des sciences de la santé..

Rev Mar Rhum 2019;48: x-x

Dans cet article, la Société Marocaine de Rhumatologie (SMR) présente les recommandations sur la goutte. Trois principes généraux et 10 recommandations sur le diagnostic et la prise en charge thérapeutique de la goutte ont été développés par notre groupe de travail SMR, intégrant les données de la littérature et l’avis des experts, dans le but d’améliorer les soins aux patients.

Le groupe de travail des recommandations est multidisciplinaire comprenant: un noyau dur formé par des rhumatologues représentant les 3 secteurs d’exercice de la Rhumatologie au Maroc (santé publique, secteur libéral et secteur universitaire), 1 médecin généraliste, un pharmacien, un néphrologue, un cardiologue, une nutritionniste et un patient suivi  goutte.

En l’absence d’identification des cristaux d’urate monosoique (UMS), le diagnostic de la goutte repose sur un faisceau d’arguments cliniques, biologiques et d’imagerie ou l’échographie ostéoarticulaire prend une place importante. Le traitement de crise goutte repose sur l’un des traitements classiques (colchicine à faible dose, AINS, corticothérapie de courte durée ou en intrarticulaire). Le choix entre ces thérapeutiques dépend du terrain et comorbiités des patients. L’association de 2 médicaments de la crise est réservée aux formes sévères. Le recours à l’anti-IL1 peut être envisagé en cas de contre-indication des traitements classiques de la crise. Le traitement hypouricémiant est un traitement à vie qui doit être démarré devant tout diagnostic de goutte confirmé. La cible thérapeutique de l’uricémie (< 60mg/l et < 50 mg/l dans les formes tophacées) doit être atteinte en augmentant progressivement les doses de traitements hypouricémiants ou en en switchant si nécessaire,  vers d’autres hypouricémiants. Cette gestion T2T pourrait être accompagnée par l’apparition de crises itératives de goutte, d’où la nécessité de traitement prophylactique associé (faible dose de colchicine ou d’AINS).

La prise en charge des cas de goutte avec une ou plusieurs comorbidités cardiovasculaires, rénales ou métaboliques est complexe et nécessite une étroite collaboration entre les différents acteurs pour mieux gérer les indications, contre-indications et interactions des traitements de la goutte et ceux des comorbidités. Devant une hyperuricémie asymptomatique, il ne faut pas prescrire de traitement hypouricémiant.  Une HA nécessite l’ajustement des traitements des comorbidités. L’éducation thérapeutique du patient (ETP) est un pivot  de la prise en charge du patient goutteux. Celui-ci  doit comprendre sa maladie, être convaincu de la nécessité d’adhérer aux traitements hypouricémiants au long cours, distinguer entre les 2 catégories de traitements de la goutte, gérer correctement ses crises de goutte et adopter des mesures hygiéno-diététiques adéquates.

L’objectif de ces recommandations est d’harmoniser et optimiser la prise en charge des patients atteints de goutte.

In this article, the Moroccan Society of Rheumatology (SMR) presents the recommendations for gout. Our general principles and 10 recommendations on the diagnosis and therapeutic management of gout have been developed by our SMR working group, integrating data from the literature and expert opinion, with the aim of improving the care of patients. patients. The working group of the recommendations is multidisciplinary including: a central nucleus formed by rheumatologists representing the 3 sectors of exercise of rheumatology in Morocco (public health, liberal sector and university sector), 1 general practitioner, a pharmacist, a nephrologist, a cardiologist, a nutritionist and a patient followed for a gout disease.

In the absence of identification of monosodium urate crystals (UMS), the diagnosis of gout is based on a bed of clinical, biological and imaging arguments where osteoarticular ultrasound is important. One of the standard treatments is low-dose colchicine, NSAIDs, short-course corticosteroids or intrarticular corticosteroids. The choice between these therapies depends on the area of ​​comorbiities of the patients. The combination of 2 drugs of the crisis is  reserved for severe forms. The use of anti-IL1 may be considered in case of contraindication of conventional treatments of the crisis. Urate lowering therapy (ULT) is a lifelong treatment that must be started before any diagnosis of confused gout. The therapeutic target of serum uric acid (<60mg / l and <50mg / l in tophache forms) must be achieved by gradually increasing doses of hypouricemic drugs or by switching them if necessary to other hypourcemic agents. This T2T management could be accompanied by the appearance of iterative attacks of gout, hence the need for associated prophylactic treatment (low dose of colchicine or NSAIDs).

The management of gout cases with one or more cardiovascular, renal or metabolic comorbidities is complex and requires a very good communication between the different actors to better manage the indications, contraindications and interrelations of gout and co-morbidities treatments. . In case of asymptomatic hypouricemia, do not prescribe (ULT). HA requires adjustment of comorbidity treatments. Therapeutic Patient Education is a central focus of the management of the gout patient. This one to understand his illness, to be convinced of the necessity to adhere to the long-running hypouuricémiants treatments, to distinguish between the 2 categories of the treatments of the gout, to manage his gout attacks correctly and to adopt adequate hygienic and dietary measures.

The purpose of these recommendations is to harmonize and optimize the management of patients with gout.

Mots-clés: Goutte, crise, cristaux d'urate monosodique, échographie ostéo-articulaire, traitement hypouricémiant, T2T, comorbidités, éducation thérapeutique.

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